Archives de catégorie : Connaissance de soi

Se faire la guerre ou se comprendre

« Il est grand temps de passer d’une société orientée vers les choses à une société orientée sur les êtres. Si l’on pense que les machines et les ordinateurs, le profit et les droits de propriété sont plus importants que les personnes, alors le trio de géants – racisme, matérialisme et militarisme – est impossible à vaincre. »

Martin Luther King

Puisque, comme le disait Clausewitz1, l’objectif de la guerre est de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté, elle est nécessairement un carnage dans lequel chaque camp est incité à toujours davantage massacrer l’autre pour parvenir à le dominer.

L’histoire mondiale des peuples est une succession de conflits, plus ou moins sanglants. Les périodes de paix sont extrêmement rares. La seconde guerre mondiale (pour ne citer qu’elle) a été le conflit le plus meurtrier de l’histoire avec plus de 80 millions de personnes tuées entre 1939 et 19452. Dans un tel contexte, le concept de « lois de la guerre » peut sembler paradoxal mais c’est sans doute parce qu’ils se sont sentis repus de sang et de larmes que les dirigeants politiques de l’après 1945 ont estimé qu’il fallait plus que jamais développer et faire respecter ces fameuses « lois de la guerre ».

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Étudier sa prison

« Vous n’êtes prisonniers de rien d’autre que de vos pensées. Vous n’avez à vous libérer de rien d’autre que de vos pensées. Voilà la vérité. Et vous n’avez pas d’autre problème que celui de vos pensées. Vous n’avez aucun problème, ni avec votre santé, ni avec votre métier, ni avec votre patron, ni avec vos enfants, ni avec votre femme, ni avec votre voisin, ni avec votre propriétaire, ni avec le maire de votre commune. vous n’avez qu’un seul problème : un problème entre vous et vos pensées. »

Arnaud Desjardins

Imaginez que vous vous retrouviez emprisonné(e) et que – ne le supportant pas – vous fassiez grandir en vous le désir de vous évader de votre prison.

Quel autre moyen pourriez-vous vous donner à vous-même que celui de commencer par étudier votre prison de très près ?

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Faut-il dire ce que l’on pense ?

« Pour se faire des ennemis, pas la peine de déclarer la guerre, il suffit juste de dire ce que l’on pense. »

Martin Luther King

« Être vrai, ce n’est pas nécessairement toujours dire toute la vérité, surtout si cela crée de la souffrance, c’est ne pas mentir pour cacher ses erreurs et ses défauts ou, pire, pour tromper autrui par malice. »

Matthieu Ricard

Aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux, nous sommes sans cesse sollicités à donner notre avis sur tout et n’importe quoi, beaucoup d’entre nous sont convaincus de devoir asséner ce qu’ils pensent à tout un chacun.

Mais peut-on dire, doit-on dire aux autres ce que l’on pense, sous le douteux prétexte de devoir s’affirmer soi-même ?

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La justice plutôt que la vengeance

« L’homme qui croit en l’humanité ne doit pas encourager la division mais l’union, il ne doit pas fortifier les sectaires dans leur sectarisme ni ceux qui se haïssent dans leur haine ; il doit s’efforcer de faire vivre les hommes en bonne intelligence et de favoriser les accords ; et plus l’époque montre de fanatisme, plus il faut qu’il s’obstine dans son impartialité, ne considérant, au milieu de ces désordres et de ces égarements, que ce qui est commun à tous les hommes, en tant qu’avocat incorruptible de la liberté spirituelle et de la justice sur terre. »

Stefan Zweig, Érasme, 1935

La vengeance est une action par laquelle une personne offensée ou lésée inflige par ressentiment un mal en retour à l’offenseur afin de le punir ; elle opère donc sur la base d’une irritabilité du moi.

Toute légitimation de la vengeance mène à la vendetta, c’est-à-dire à la perpétuation infinie de l’injure ou du meurtre et cela de génération en génération.

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Parler du silence

Le silence est l’aboutissement suprême du langage et de la conscience.

J.M.G. Le Clézio

Le silence n’est ni une obligation ni un devoir, c’est un droit.

Arnaud Desjardins

La négligence envers ce qu’on appelle notre vie intérieure est certainement à l’origine de la plupart de nos problèmes, de nos névroses.

Nous vivons au milieu du bruit, des bruits de toutes sortes, or c’est le silence qui donne à un être humain l’opportunité de se tourner vers sa profondeur, et de prendre conscience de sa vie intérieure.

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Mes filles ne s’intéressent pas à moi, que faire ?

Question posée par @ingrid :

Mes filles sont grandes, mamans, et je les vois très peu. Elles ne m’appellent pas. Elles ne demandent pas si je vais bien, ne s’intéressent pas à ce que je vis. Je ne suis jamais invitée dans leurs belles familles respectives, alors qu’elles y vont tout le temps. Je me sens isolée. J’ai pensé leur écrire, mais je redoute leur réaction, et que ce soit pire encore, qu’elles pensent que je me plains. J’aimerais juste qu’elles s’intéressent à moi.
Merci.

Mes pistes de réponse :

Dans votre souffrance, vous pensez que vos filles devraient s’intéresser à vous.
Il existe un moyen presque infaillible pour que vos filles vous donnent ce dont vous avez besoin : une nouvelle manière de vous intéresser à elles qui fera qu’elles auront envie de s’intéresser à vous en retour, et cela passe par commencer par ne rien attendre d’elles. Plus vous focalisez votre attention sur l’espoir que vos filles s’intéressent à vous, plus vous vous repliez sur vous-même et votre souffrance.

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S’initier au travail intérieur

…le défi des candidats à la psychothérapie

« Trop de personnes qui ont peur d’agir utilisent l’idée d’acceptation pour renforcer leur soumission au mauvais sens du terme. Incapables de se redresser pour oser dire non quand la situation l’exige, ils encaissent, ils capitulent, ils baissent la tête, persuadés que l’enseignement1 leur demande cette attitude de victime. » 

Arnaud Desjardins

Trop souvent les candidats à la psychothérapie abordent cette dernière avec une mentalité de patient en attente d’être pris en charge. Ils font comme s’ils ignoraient – alors que tout le travail qu’ils font leur démontre le contraire – que c’est leur manière de voir les choses qui contribue à leur propre détresse.

Je cherche donc à travers ces quelques lignes à les encourager à assumer leurs propres responsabilités c’est-à-dire à les encourager à agir et à entreprendre un travail intérieur afin de se mieux connaitre.

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La confiance en soi pour gérer la relation à ses proches

ÉCOUTEZ : La confiance en soi pour gérer la relation à ses proches(© RENAUD PERRONNET - Téléchargement du podcast en bas de page)


Devenir libre de sa famille et de ses amis

« Notre véritable nature n’est pas un idéal auquel nous devons aspirer. C’est la personne que nous sommes maintenant et c’est ce avec quoi nous pouvons entrer en amitié et célébrer. »

Pema Chödrön (Moniale bouddhiste)

Tout le monde s’accorde pour dire qu’il est nécessaire d’avoir confiance en soi, comme si cela était facile, comme si nous n’avions qu’à aller pêcher cette confiance au fond de nous-même, comme si elle était là, tapie dans l’ombre, à attendre que nous nous intéressions à elle.

Or la confiance en soi-même n’est pas innée, il n’est donc possible de la trouver en soi-même que si elle y a été déposée. Si personne ne nous a donné l’opportunité de cultiver notre confiance en nous-même, il nous sera certainement très difficile, voire impossible de la ressentir.

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Les autres me déçoivent

Et il n’y a pas de place pour l’espoir

« C’est l’attente qui est la cause de tous les soucis. Vos espoirs et vos désirs sont en vous, alors que les actions des autres et les événements se déroulent dans le monde extérieur. Alors ? L’attente n’est-elle pas inutile ? Les choses peuvent tourner comme vous vous y attendez ou non. Tout dépend des facteurs extérieurs ! Et non de vous ! Alors ? Espérer quoi ? Vous devez accepter ce qui est arrivé, ce qui arrive. Il n’y a pas de place pour l’espoir. »

Swami Prajnanpad, Les Yeux ouverts, p. 110-111.

Question de Anavlis :

La communication avec les autres est devenue très délicate de nos jours. Il y a des gens qui, à tout moment, veulent s’imposer et font preuve d’une attitude de dédain envers l’autre.

Comment faire pour ne pas briser la communication sans pour autant rien avoir à concéder de ses valeurs et principes de vie.

Je vous remercie par avance de votre réponse.

Mes pistes de réponse :

La raison pour laquelle nous nous retrouvons déçus quand l’autre ne répond pas à nos attentes, c’est que nous considérons comme normal et naturel qu’il y réponde.

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Est-ce que je ne me ferais pas un film par hasard ?

Deux histoires pour réfléchir sur nous-même

« C’est c’ui qui dit qui y est ! »

Parole d’enfant 

« Ce que tu es parle si fort que je n’entends pas ce que tu dis. » 

Ralf Waldo Emerson

Indéniablement, à chaque fois que nous prenons conscience – dans notre relation aux autres – de nos préjugés et de nos fausses certitudes, à chaque fois que – faisant preuve d’humilité – nous renonçons à nos opinions sur les autres, au profit de la vision des choses telles qu’elles sont, nous progressons vers plus d’équilibre et d’équanimité.

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S’éveiller à sa propre dignité

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Pour ne pas succomber aux injonctions d’une société dépressive

« Sentiment de dignité veut dire sentiment de son importance et de la nécessité urgente de sa propre vie : Oui, je suis quelque chose, je suis quelqu’un et j’éprouve une nécessité, j’ai une mission – si vous aimez les grands mots – quelque chose à faire, et sans faire cela, ma vie n’est rien, aussi je ne peux que le faire. »1 

Swami Prajnanpad 

« La dignité humaine ne dépend pas du compte en banque. Elle provient de ce que nous puisons dans nos ressources humaines inhérentes, en faisant les choses avec nos propres mains, ici et maintenant, correctement, magnifiquement. Nous pouvons réellement le faire ; même dans la pire des situations, nous avons le pouvoir d’infuser de l’élégance dans notre vie. »2 

Chögyam Trungpa

Comment se construirait un petit enfant sans le regard de ses parents ?

Difficilement puisque c’est sur le regard de ses parents (sur ce que ses parents, par leurs comportements, lui montrent qu’il est), qu’un jeune être s’appuie pour devenir peu à peu qui il est.

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À propos de l’amour et de l’altruisme

ÉCOUTEZ : À propos de l'amour et de l'altruisme(© RENAUD PERRONNET - Téléchargement du podcast en bas de page)


« Être un avec, osons le dire, cela veut dire aimer. Vous ne pouvez pas à la fois être un avec quoi que ce soit, une situation, un fait, un objet, une parole, un être humain, un instant, et en même temps être identifiés à un refus émotionnel. »

Arnaud Desjardins, La Voie du Cœur, Éditions La Table Ronde, 1987, pp. 38-39

« Vivre, c’est être utile aux autres. »

Sénèque, Lettres à Lucilius

L’histoire du jugement du roi Salomon met tout particulièrement en évidence la relation entre l’amour et l’altruisme.

Un différend opposait deux femmes ayant chacune mis au monde un enfant, mais dont l’un était mort étouffé. Les deux femmes se mettent alors – devant le roi – à se disputer l’enfant survivant. Pour régler ce désaccord, Salomon demande une épée et ordonne : « Coupez en deux l’enfant qui est en vie et donnez-en la moitié à chacune. »

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D’erreur en erreur

« C’est à travers la falsification de nos suppositions que nous entrons en contact effectif avec la « réalité ». La découverte et l’élimination de nos erreurs sont le seul moyen de constituer cette expérience « positive » que nous retirons de la « réalité ». »

Karl Popper1 

« Errare humanum est »2 

Il a été une période de notre vie dans laquelle nous nous développions intuitivement en répondant à nos besoins et sans jugement sur nous-mêmes. Époque bénie pendant laquelle nous avons évolué à partir de nos ressentis et sans nécessité à qualifier les manières dont nous nous y prenions avec eux.

Nous avons ainsi appris à marcher en nous dressant sur notre séant et en tentant de mettre un pied devant l’autre. Que s’est-il passé alors ? Nous sommes tous tombés. Sans y accorder la moindre importance, parfaitement en paix avec le fait d’être tombés, nous nous sommes remis sur notre séant pour, prenant de nouveau appui sur nous-mêmes, nous mettre debout, risquer quelques nouveaux pas et… tomber encore, et encore.

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