Je suis frappé de constater à quel point – sur internet comme dans l’existence – dès qu’une personne partage une difficulté, un problème, celle qui l’écoute se sent généralement obligée de lui donner un conseil en réponse, alors que l’autre ne lui en a pas demandé.
Dans un monde dans lequel le conseil (coaching) est devenu à la mode, chacun y va de sa petite leçon.
Un ami nous explique par exemple combien c’est compliqué pour lui avec son patron, qu’il ressent comme incompétent et autoritaire. Et de développer pour nous prouver qu’il a raison de penser ça parce que ceci et cela…
Si nous prodiguons un conseil, ce sera en ayant entendu un seul son de cloche et en fonction de notre propre manière de réagir aux situations d’autorité et d’incompétence. A ce moment-là, nous nous sentons poussés à « trouver des solutions » pour l’autre (qui n’en sont évidemment pas) en croyant nous valoriser à ses yeux et à nos propres yeux.
Nous pourrions commencer par nous interroger honnêtement sur ce que ça nous a fait à nous de recevoir des conseils que nous n’avions pas demandés. Et nous souvenir comme nous avons été agacés de constater que la réponse soi-disant éclairée que nous donnait l’autre parlait de lui et de lui seul (certainement pas de nous) ?
Comment aujourd’hui allons-nous nous y prendre pour – sur la base de ces saines constatations – tourner sept fois la langue dans notre bouche avant de prodiguer des conseils aux autres ?
Swâmi Prajnânpad affirmait : « Il ne faut pas gaspiller des conseils avec des gens dont le besoin ne s’est pas éveillé. Il faut d’abord s’assurer que l’autre est prêt à recevoir et à suivre le conseil. L’enseignant doit attendre que la question soit posée, c’est-à-dire qu’un doute soit apparu dans l’esprit de l’élève. Le doute, le doute, le doute doit d’abord apparaître. C’est cela le critère du besoin d’aide. Quand le doute viendra-t-il ? Seulement après que l’élève aura fait lui-même l’expérience.
Si on ne vous demande rien, ne dites pas un mot. De même si on vous le demande mais d’une manière qui ne soit pas vraiment sincère ou dans une humeur non réceptive. C’est la clé d’un comportement juste et vrai. Pourquoi ? Simplement parce que chaque homme étant différent et unique, considère qu’il a raison et qu’il est parfait. C’est pourquoi s’il ne désire pas recevoir quelque chose de vous, vous n’avez pas le droit de lui donner. Si vous essayez de donner, vous vous déshonorez vous-même, car vous n’êtes pas fidèle à la vérité, ce qui a pour résultat de déshonorer, de blesser et de rendre l’autre hostile.
Vous empiétez en effet sur sa vie privée, qu’il considère comme son domaine sacré. »
En fait, quand l’autre nous raconte ses ennuis, ses malheurs, c’est d’une écoute qu’il a besoin, d’une écoute bienveillante et souvent – surtout si nous n’avons pas interféré – il va mieux après avoir parlé.
© 2014 Renaud & Hélène PERRONNET Tous droits réservés.
Pour aller plus loin, regardez le diaporama :
Moyennant une modeste participation aux frais de ce site, vous pouvez télécharger l’intégralité de cet article au format PDF, en cliquant sur ce bouton :
Compteur de lectures à la date d’aujourd’hui :
1 162 vues
ÉVOLUTE Conseil est un cabinet d’accompagnement psychothérapeutique et un site internet interactif de plus de 8 000 partages avec mes réponses.
Avertissement aux lectrices et aux lecteurs :
Ma formation première est celle d’un philosophe. Il est possible que les idées émises dans ces articles vous apparaissent osées ou déconcertantes. Le travail de connaissance de soi devant passer par votre propre expérience, je ne vous invite pas à croire ces idées parce qu’elles sont écrites, mais à vérifier par vous-même si ce qui est écrit (et que peut-être vous découvrez) est vrai ou non pour vous, afin de vous permettre d’en tirer vos propres conclusions (et peut-être de vous en servir pour mettre en doute certaines de vos anciennes certitudes.)