Une mère dont la main « dérape » contre sa volonté ignore, en général, qu’elle frappe son enfant uniquement parce qu’elle y est poussée par son propre corps et par les souvenirs inscrits dans ce dernier (les mères qui n’ont pas été frappées quand elles étaient enfants ont rarement la main qui dérape). Mais lorsqu’elle le sait, elle est mieux à même de l’éviter, de se dominer et d’épargner de la souffrance à son enfant aussi bien qu’à elle-même. (…)
C’est le déni de sa souffrance qui permet à un enfant battu de survivre dans une situation intolérable pour lui, et peut-être minimisera-t-il cette douleur toute sa vie. En fait, le prix qu’il aura à payer pour cela sera très haut, parce que son corps connaît la vérité et que la mémoire émotionnelle ne trouve parfois à s’extérioriser que dans des symptômes de maladie. Mais elle s’extériorise surtout dans l’opinion inébranlable que les enfants ont besoin de coups.
Alice Miller, D’où vient le mal dans le monde et comment se génère-t-il ?