Avant que nos frères Blancs viennent nous civiliser, chez nous, pas de prisons. Nous n’avions donc pas de criminels. Vous ne pouvez pas avoir de criminels sans une prison. Nous n’avions ni serrures ni clés, et ainsi n’avions pas de voleurs. Si un homme était trop pauvre pour avoir à lui un cheval, une tente ou une couverture, quelqu’un les lui donnait. Nous étions trop primitifs pour accorder grande valeur à la propriété privée. Les choses que nous désirions, c’était dans le but de nous en débarrasser, d’en faire cadeau. Nous n’avions pas d’argent, et par conséquent la valeur d’un homme ne pouvait pas être mesurée à son argent. Nous n’avions pas de droit écrit, pas de procureurs, pas de politiciens ; par conséquent, nous ne pouvions pas tricher. Nous étions vraiment mal partis quand l’homme blanc est arrivé, et je ne sais vraiment pas comment nous pouvions nous tirer d’affaire sans ses principes fondamentaux, absolument indispensables, paraît-il, dans une société civilisée.
Tahca Ushte, De mémoire indienne