Comment avancer avec le cœur brisé ?

Question de @etoile :

Bonjour Monsieur Perronnet,

Mes parents ont toujours « divisé pour mieux régner ». La conséquence a fait du vide autour de moi, sauf un frère et une soeur. Ils gardent un semblant de contact à distance et ils peuvent avoir un comportement qui me montre bien le peu de considération pour moi vu que j’ai coupé les ponts avec mes parents.

Je sais que je n’ai rien perdu dans cette histoire, mais comment avancer dans ma vie avec le coeur brisé ? Je ressens toujours une profonde tristesse persistante.

Merci

Mes pistes de réponse

La clé de votre difficulté se trouve dans la manière dont vous allez vous positionner par rapport à ce que vos parents vous ont fait subir dans le passé.

Ordinairement nous sommes les victimes de ceux qui nous ont fait du mal et c’est la raison pour laquelle nous en souffrons. Une victime ne peut que subir les choses. C’est ainsi que vous subissez aujourd’hui les conséquences fâcheuses de l’attitude de vos parents qui ont soufflé le chaud et le froid sur vous en cherchant à vous diviser pour mieux régner.
Tant que vous vous positionnerez comme la victime de vos parents qui ont tout mis en œuvre pour vous empêcher d’être vous-même, vous vous exposerez à continuer de souffrir.

Vous exprimez vous-même qu’une part de vous-même sait « qu’elle n’a rien perdue dans cette histoire. » Cette part de vous-même qui sait est donc la part qui a conscience que les jugements que vous avez subis de la part de vos parents ne parlent pas de vous mais d’eux. (Cela signifie que contrairement à ce qu’une autre part de vous-même pense, ce n’est pas parce que vous avez été regardée négativement par vos éducateurs que vous êtes une mauvaise personne.)

La tristesse profonde que vous ressentez en vous n’est qu’une crispation, pour en sortir, il va vous falloir commencer par la reconnaître puis oser ne pas la garder donc l’exprimer. En l’exprimant vous découvrirez qu’elle n’est pas vous et que derrière votre « cœur brisé » il y a un « cœur qui aspire à vivre enfin ».

Le meilleur moyen de ne plus devoir vous identifier à ce que l’on vous a fait subir, c’est d’oser exprimer à l’occasion d’un travail thérapeutique les émotions liées aux maltraitances que vous avez subies et qui vous obligent – tant qu’elles restent enfouies et jusqu’à aujourd’hui – à en demeurer la victime.

Le début du travail (couper les ponts avec vos parents dysfonctionnels) est fait, il vous reste donc maintenant la suite à mettre en œuvre : ne plus ressentir le besoin d’être fidèle à cette part de vous-même encore active qui donne raison à ses parents. Pour cela le meilleur moyen est de commencer par la reconnaître pour l’accueillir, puis de prendre conscience des stratégies utilisées par cette part de vous-même maltraitante pour ne plus leur obéir.

Pour ce faire, vous aurez besoin de courage, de constance et de lucidité sur vous-même.
Vous ne pourrez aller dans cette direction que par amour pour vous-même.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire :
La dissociation consciente et Pourquoi le mépris de soi-même ou des autres ? et Comment accepter ce que l’on a subi ?

  • Jocelyne dit :

    Mon coeur a été fissuré dès ma naissance avec une différence physique. J’ai eu à choisir comment vivre. En m’appitoyant sur mon sort ou me laisser vivre avec la vague de la vie. Je crois qu’il faut avoir en nous la confiance, l’amour pour soi-même pour arriver à vivre le coeur brisé. Mes rêves n’ont pas été atteints, l’amour n’est jamais arrêté dans ma vie. Mais j’ai vécu de beaux moment intenses qui font une éternité de souvenirs. J’ai réparé mon coeur en acceptant ma condition et en cherchant en moi mes qualités, mon potentiel. À 75 ans, je partage mon expérience de vie avec mes conférences sur le deuil et toutes les pertes que je vis . Pour moi, mon coeur brisé a fait éclore mon être. Nous avons la responsabilité de notre coeur, parfois c’est la vie qui le brise, mais souvent c’est nous-mêmes qui le brisons de par nos choix.

  • Etoile dit :

    Bonjour Monsieur Peronnet,
    Je vous remercie de votre message.
    J’ai multiplier les tentatives pour trouver la force de vous lire.
    Je rencontre un psychiatre une fois par mois grâce à qui j’ai avancée un peu …
    mais les crises d’angoisse et la culpabilité vont et viennent depuis 5 ans..
    Le vide autour de moi a été fait en silence et au fil des années pour un dernier coup de massue. Une vengeance, une sorte de règlement de compte pour la maltraitance, que j’avais dévoilée dans ma jeunesse. Je m’en veux aujourd’hui de ne pas avoir eu ce déclic de m’éloigner, c’est pas faute d’avoir eu des amis qui ont cherchés à m’aider.
    Aujourd’hui, j’approche les 50 ans et j’ai le sentiment d’avoir gâché ma vie par ma faute, à donner de la crédibilité pour des parents qui ne valaient pas que je m’attarde… mais nous sommes formater pour tout accepter venant d’eux et obéir sans protester.
    J’ ai dû mal à encaisser cette vie gâchée et tous ces coup bas, que j’aurai dû pourtant voir venir.
    J’ai le sentiment de ne devoir m’en prendre qu’à moi meme et j’ai du mal à l’ encaisser.
    J’ai passé ma vie à enfouir mes problèmes dans le travail, le mutisme , la solitude et la dépression, alors qu’ouvrir les yeux étaient la solution devant moi.
    Comment peut on se mettre dans des états pareils pour d’autres simples humains ?
    Merci de votre aide.

    • Il ne s’agit pas « d’encaisser » mais de se détendre en comprenant peu à peu que la culpabilité n’est qu’une erreur, le malentendu d’une personne qui croit qu’elle aurait pu agir autrement dans le passé. Or au moment où vous avez agi comme vous avez agi, vous ne pouviez pas agir autrement que comme vous voyiez et sentiez les choses à ce moment.
      Votre vie ne se déroule que dans le présent, c’est seulement dans le présent que vous pouvez rectifier les choses en étant fidèle à ce que vous voulez ici et maintenant.
      Je vous souhaite bonne chance dans cette direction.

  • Etoile dit :

    Bonjour Jocelyne,
    Je vous remercie pour avoir partager votre expérience de vie.
    Vous avez raison de dire que nous avons la responsabilité de notre coeur et que c’est souvent nous même qui le brisons de par nos choix, je m’en rend compte.
    Nous avons tendance à fermer les yeux et laisser des passes droits à différentes personnes pas forcément bonnes pour nous. Faire sa propre expérience peut prendre de nombreuses années et je trouve cela triste, à défaut de profiter de son unique vie. J’espère pouvoir vous écouter un jour dans l’une de vos conférences. Prenez soin de vous .

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    5 réflexions au sujet de « Comment avancer avec le cœur brisé ? »

    1. Etoile

      Bonjour Jocelyne,
      Je vous remercie pour avoir partager votre expérience de vie.
      Vous avez raison de dire que nous avons la responsabilité de notre coeur et que c’est souvent nous même qui le brisons de par nos choix, je m’en rend compte.
      Nous avons tendance à fermer les yeux et laisser des passes droits à différentes personnes pas forcément bonnes pour nous. Faire sa propre expérience peut prendre de nombreuses années et je trouve cela triste, à défaut de profiter de son unique vie. J’espère pouvoir vous écouter un jour dans l’une de vos conférences. Prenez soin de vous .

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    2. Etoile

      Bonjour Monsieur Peronnet,
      Je vous remercie de votre message.
      J’ai multiplier les tentatives pour trouver la force de vous lire.
      Je rencontre un psychiatre une fois par mois grâce à qui j’ai avancée un peu …
      mais les crises d’angoisse et la culpabilité vont et viennent depuis 5 ans..
      Le vide autour de moi a été fait en silence et au fil des années pour un dernier coup de massue. Une vengeance, une sorte de règlement de compte pour la maltraitance, que j’avais dévoilée dans ma jeunesse. Je m’en veux aujourd’hui de ne pas avoir eu ce déclic de m’éloigner, c’est pas faute d’avoir eu des amis qui ont cherchés à m’aider.
      Aujourd’hui, j’approche les 50 ans et j’ai le sentiment d’avoir gâché ma vie par ma faute, à donner de la crédibilité pour des parents qui ne valaient pas que je m’attarde… mais nous sommes formater pour tout accepter venant d’eux et obéir sans protester.
      J’ ai dû mal à encaisser cette vie gâchée et tous ces coup bas, que j’aurai dû pourtant voir venir.
      J’ai le sentiment de ne devoir m’en prendre qu’à moi meme et j’ai du mal à l’ encaisser.
      J’ai passé ma vie à enfouir mes problèmes dans le travail, le mutisme , la solitude et la dépression, alors qu’ouvrir les yeux étaient la solution devant moi.
      Comment peut on se mettre dans des états pareils pour d’autres simples humains ?
      Merci de votre aide.

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      1. Renaud Perronnet Auteur de l’article

        Il ne s’agit pas « d’encaisser » mais de se détendre en comprenant peu à peu que la culpabilité n’est qu’une erreur, le malentendu d’une personne qui croit qu’elle aurait pu agir autrement dans le passé. Or au moment où vous avez agi comme vous avez agi, vous ne pouviez pas agir autrement que comme vous voyiez et sentiez les choses à ce moment.
        Votre vie ne se déroule que dans le présent, c’est seulement dans le présent que vous pouvez rectifier les choses en étant fidèle à ce que vous voulez ici et maintenant.
        Je vous souhaite bonne chance dans cette direction.

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    3. Jocelyne

      Mon coeur a été fissuré dès ma naissance avec une différence physique. J’ai eu à choisir comment vivre. En m’appitoyant sur mon sort ou me laisser vivre avec la vague de la vie. Je crois qu’il faut avoir en nous la confiance, l’amour pour soi-même pour arriver à vivre le coeur brisé. Mes rêves n’ont pas été atteints, l’amour n’est jamais arrêté dans ma vie. Mais j’ai vécu de beaux moment intenses qui font une éternité de souvenirs. J’ai réparé mon coeur en acceptant ma condition et en cherchant en moi mes qualités, mon potentiel. À 75 ans, je partage mon expérience de vie avec mes conférences sur le deuil et toutes les pertes que je vis . Pour moi, mon coeur brisé a fait éclore mon être. Nous avons la responsabilité de notre coeur, parfois c’est la vie qui le brise, mais souvent c’est nous-mêmes qui le brisons de par nos choix.

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